Des représentants de la FRSEA Ouest se sont déplacés dans les locaux manceaux de la première coopérative laitière française pour échanger sur la mise en place des EGAlim2. Retour sur une année 2021 mouvementée et les perspectives 2022.
Des négociations commerciales ardues
« Une première étape a été franchie avec les EGAlim 1, certains distributeurs ont bien joué le jeu, mais ils ont vite abandonné lorsqu’ils ont constaté que tous ne suivaient pas » lâche Jean Pierre Faucon, président Sodiaal Pays de Loire. Sodiaal, qui représente 700 exploitations et près de 400 millions de litres de lait pour la région ligérienne, « est fortement impactée par les MDD (Marques De Distributeurs ndlr), donc, oui, le remodelage des EGAlim2 est attendu ». Ce sont sur ces notes de contexte franches que les échanges ont débuté ce lundi 31 janvier après une entrée en matière de Frédéric Vincent, Secrétaire Général de la FRSEA Ouest lait, président de la section laitière FDSEA49 et livreur Sodiaal. Et concernant des négociations commerciales, l’ambiance parait assez tendue : « L’inflation du coté industriel est très difficile à faire passer » note Jean Pierre Faucon. Mais « dans un contexte de décapitalisation, nous aurons probablement des choix à faire. Ceux qui ont refusé les hausses tarifaires seront les premières victimes du manque de matière » complète-t-il.
2022, année décisive
Bien que les fondamentaux soient plutôt réunis pour une hausse du prix, la prudence reste de mise : « certes, la production ralentit, mais nous ne sommes pas à l’abri d’un soubresaut de crise sanitaire ou d’un conflit géostratégique » expose Jean Pierre Faucon « et l’issue des négociations commerciales aura également un impact » poursuit le coopérateur.
Concernant la construction du prix et notamment l’utilisation de l’indicateur environnement, la réaction du président de région ne se fait pas attendre « si cet indicateur ne respecte pas la réglementation au regard des EGAlim2, il sera modifié ». Hochements de tête du coté des syndicalistes, qui ne baissent pour autant pas la garde : « l’intégration d’indicateurs lisibles et reconnus par l’interprofession, tels que celui du prix de revient serait évidemment très appréciée » souligne Ghislain De Viron, président de la section lait FDSEA72 et vice-président de la FNPL. Propos appuyés par Samuel Gouel, président de la section laitière FDSEA53 : « et d’autant plus dans le contexte de hausse des charges que nous connaissons dans nos exploitations ».
Le bio, un contexte complexe
Bien qu’ayant stoppé ses conversions depuis 2 ans, un déclassement de 10 % des volumes de lait bio s’est encore opéré. « Nous avons passé ces volumes en lait non OGM afin de limiter l’impact pour les exploitations » explique Jean Pierre Faucon. Et notons que la filière bio Sodiaal, qui représente 50 exploitations en Pays de Loire, a d’ores et déjà informé ses producteurs d’une démarche d’incitation financière à la réduction des volumes, à hauteur de 113€/1000L pour toute réduction de 3 à 10 % des volumes de février à juillet.
Force est de constater que si les lois Egalim 1 et 2 sont reconnues par la coopérative, le principe de base qui consiste à « construire le prix en marche avant » en se basant sur des indicateurs de coûts de production n’est toujours pas respecté. Sodiaal, qui est par ailleurs transparente sur sa formule de prix, se repose toujours sur des indicateurs de valorisation produits pour établir le prix du lait de ses sociétaires.