Sur le département, la méthode pour réguler collectivement les corneilles noires et les corbeaux freux est désormais bien rôdée. Une première salve de réunions tenues en novembre dernier, puis en février, ont permis de mobiliser les forces vives, délimiter les parcelles visées sur chaque commune et commander le matériel nécessaire (de petites cages de piégeage compartimentées en l’occurrence). Trois mois après, l’heure est au bilan. Semaine passée, la FDSEA et Polleniz ont sifflé la fin des opérations collectives. Et pour les bénévoles des cantons de Sainte-Suzanne, Laval Ouest, Ernée et Chailland, les résultats sont positifs.
« J’ai eu un seul coup de fil cette année ! »
C’est ainsi que Claude Charon a introduit la première réunion bilan, organisée mardi 18 juin dans la petite salle municipale de Blandouet. L’ancien exploitant de Ruillé-le-Gravelais, en charge du dossier des dégâts de gibiers à la FDSEA, n’en revient toujours pas. « Les années passées, le téléphone n’arrêtait pas de sonner pour me demander de venir constater les dégâts ou encore pour me réclamer des appelants. Cette année, cela a été plutôt tranquille… C’est la preuve que les opérations d’envergure que nous menons depuis 4 ans jouent pleinement leur rôle de régulation », assure-t-il, convenant aussi que « cette année, les maïs ont pris du retard et qu’il faudra sans doute que les piégeurs agrées poursuivent les actions… ». Devant lui, les quelques bénévoles présents dans la salle évoquent leur chiffre de prises. Un premier recensement de 80 oiseaux piégés établi sur Vaiges et 60 sur Torcé-Viviers-en-Charnie, à l’aide d’une douzaine de cages environ. « Je n’en ai pas pris cette année, témoigne en outre Stéphane Chauveau, référent cantonal de Sainte-Suzanne. Les autres années, j’en voyais une bonne centaine sur Blandouet, mais cette année rien. Ils ont dû filer sur Saint-Denis… ». Chou blanc sur les corneilles et sur les corbeaux freux donc, mais carton plein sur une autre espèce de corvidé, la pie. « J’en ai pris une trentaine avec une seule cage » indique-t-il, rappelant au passage que la pie est encore classée comme Esod (Espèce susceptible d’occasionner des dégâts) dans l’est du département.
Tir et piégeage en périphérie de Laval
Le lendemain, à Changé, la Maison des Agriculteurs accueillait les référents de l’opération menée cette fois-ci à l’ouest de Laval. Agriculteur sur Saint-Berthevin, Philippe Grangé rapporte les chiffres de prises sur son secteur. « Auprès du bois de la Chapelle, là où il y a un dortoir de corneilles et de corbeaux, il en a été fait 122 ! Plus une cinquantaine de tirés… », précise-t-il. Philippe Géhard poursuit : « sur Changé, c’est environ une trentaine d’individus capturés, plutôt de la corneille, et une dizaine de corbeaux tués au fusil. » Un joli tableau auquel il faut ajouter les 230 oiseaux prélevés sur Montigné et L’Huisserie. Bien que ces données restent encore partielles, attendant notamment d’être complétées des chiffres de Saint-Germain-le-Fouilloux, on enregistre déjà plus de 400 individus régulés sur ce secteur.
332 sur Ernée, 645 sur Chailland
Jeudi 20 juin, c’est l’Ouest du département qui répondait au sondage du syndicat agricole et Polleniz. D’abord le matin à Ernée. Réunis au sein du complexe sportif de la ville, les bénévoles égrainent tour à tour les résultats de prises : 57 sur La Pellerine, 45 sur Ernée, 150 sur Saint-Denis-de-Gastines, 35 sur Saint-Pierre-des-Landes, 15 sur Larchamp, 30 sur La Croixille… « Malgré cela, on a quand même dû ressemer 6 ha de maïs. Durant 3 jours, les oiseaux s’en sont pris aux grains avant même la levée… », rapporte Jean-François Quinton, éleveur à Saint-Denis-de-Gastines, qui indique alors vouloir poursuivre le piégeage. Dans le hall de la salle municipale de Chailland, l’ambiance est également bonne. Si les piégeurs présents n’en sont pas à leur premier coup d’essai, tous conviennent que la dynamique collective apporte un « truc en plus ». Derrière Jacky Bachelot qui annonce recenser auprès de son voisinage de la Bigottière 140 prises de corneilles et 10 corbeaux tirés, les autres lui emboitent le pas. « 80 oiseaux capturés sur Chailland, 122 sur Saint-Hilaire-du-Maine, 48 sur Saint-Germain-le-Guillaume, 37 sur la Baconnière + 15 tirés… ». Mais c’est finalement sur la commune d’Andouillé que les résultats sont les plus forts : 193 captures à la cage et 200 tués au fusil. « On a des bons par là-bas », blague bon joueur Jacky Bachelot. Tirs individuels, tirs collectifs, piégeage… La lutte collective semble donc avoir une nouvelle fois payé. Seul hic remonté par les participants, le choucas des tours, espèce protégée et donc intouchable. « Avec les deux associations des maires, on a écrit à la préfète l’an passé pour dénoncer la surpopulation de choucas. On a rencontré l’administration dans la foulée. On compte maintenant sur celle-ci pour qu’elle nous adresse le protocole à suivre pour monter une demande de régulation, rapporte Claude Charon. En attendant, gare à la prune si vous détruisez des choucas ! Mieux vaut les relâcher… ».