Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le 27 avril un dernier train de mesures qui doit refermer la séquence de la crise agricole lancée à l’automne et qui avait son paroxysme en janvier-février derniers. La FNSEA et JA sont déterminés « à ne laisser aucun angle mort ».
Du côté de l’exécutif, on pense sans doute que tout est déjà gagné et que les quatorze nouvelles mesures proposées le 27 avril sont de nature à calmer les agriculteurs. Ce serait mal connaître leur détermination. C’est en tout cas le sens du communiqué de presse conjoint de la FNSEA et de Jeunes Agriculteurs (JA) qui se sont déclarés « vigilants sur leur concrétisation rapide et complète ». Certes cette salve fait entrer la crise « dans une nouvelle phase : celle, très attendue, de la concrétisation, du passage effectif des paroles aux actes perceptibles jusque dans les cours de fermes », a indiqué le président de la FNSEA Arnaud Rousseau sur son compte X (ex-Twitter). Les deux syndicats agricoles y voient « le retour au bon sens », tant sur le plan français qu’européen, Bruxelles ayant également infléchi ses orientations et s’étant engagée sur la voie de la simplification.
Parmi ces quatorze mesures, figure une « planification des investissements hydrauliques qui concernent des retenues de stockage, de la remise en état d’ouvrage existant, des systèmes d’irrigation ». Sur les 300 projets, 100 seront « accélérés » pour une finalisation avant la fin de l’année. Matignon a confirmé la mise en place du nouveau système de retraites agricoles, calculé sur les 25 meilleurs années, dès le 1er janvier 2026. Aussi, le nouveau plan Ecophyto 2030, dont la stratégie doit être présentée en ce début mai, retiendra l’indice européen, abandonnant ainsi le nombre de doses unités (Nodu) français, « ce qui permettra aussi de se comparer avec les autres États membre », dit-on dans l’entourage de Gabriel Attal. Une proposition de loi devrait par ailleurs être déposée prochainement, certainement avant la fin de la session parlementaire de juillet, pour réformer le Conseil stratégique phytosanitaire et assouplir le dispositif vente/conseil.
Rendez-vous avec Emmanuel Macron
Comme l’avaient souhaité la profession agricole, le Gouvernement s’est penché sur la trésorerie et la compétitivité des exploitations. Matignon a annoncé que la Banque publique d’investissement (BPI) était en mesure de débloquer une enveloppe de 100 millions d’euros (M€), notamment pour aider les agriculteurs en difficulté qui n’avaient pas pu recourir aux soutiens traditionnels de leur établissement bancaire. La BPI pourra délivrer des prêts pouvant aller jusqu’à 75 000 € pour des investissements. Dans le projet de loi de Finances 2025, le Gouvernement prévoit une « évolution » de la dotation pour épargne de précaution. Ainsi, une partie de la dette pourrait être réintégrée dans le résultat fiscal et social en étant partiellement exonérée d’impôt suite à un sinistre sanitaire, a détaillé un membre du cabinet du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Enfin, côté mesures structurelles, Matignon va ouvrir une enveloppe de 50 M€ pour accélérer l’adaptation de la région au changement climatique dans le pourtour méditerranéen, en particulier l’Aude, l’Hérault et les Pyrénées-Orientales. «L’ensemble de ces engagements contribuent à construire l’avenir de l’agriculture au service de la souveraineté alimentaire», ont commenté la FNSEA et JA qui avaient rendez-vous hier, jeudi 2 mai, avec le président de la République. Une rencontre promise par Emmanuel Macron lui-même lors du dernier Salon International de l’Agriculture.