A l’appel de notre syndicat et de JA53, plus d’une centaine d’agriculteurs mayennais sont venus hier soir exprimer leur colère devant la préfecture de Laval.
Peu après 21H30, une vingtaine de tracteurs les rejoignaient, formant un cortège important place Jean Moulin. Ratio des « prairies permanentes », BCAE, IED, RPD, ZSCE, Directive nitrates, ripisylve, position sur le glyphosate… Les sujets de mécontentements exprimés sont en effet nombreux et ils s’adressent tous à l’intention de l’Etat français. « C’est bien contre toutes ces mesures, contre-productives, et qui nous pourrissent la vie tous les jours que l’on est venu manifester… », annonce le président de la FDSEA, Florent Renaudier en ouverture d’action. Suivi par François Blot, le président des JA : « Les agriculteurs s’éloignent de plus en plus de leur cœur de métier et sont victimes d’une surveillance abusive. On doit se justifier, on doit se former, on ne fait plus notre métier comme on devrait. Ce qui est le plus important, c’est de remplir des papiers… »
Des boulets au pied de la compétitivité agricole française
Également juché sur le plateau garé devant les grilles de la préfecture, Mickaël Guilloux s’affiche boulets aux bras. Le secrétaire général de la FDSEA ne mâche pas ses mots : « on est venu ici parce qu’on en a franchement marre ! Marre de ces réglementations que personne ne comprend plus, marre qu’on nous empêche de faire notre boulot ! ». Après avoir énuméré, cahier à l’appui, la longue liste des réglementations actuelles et celles en gestation, le producteur de porcs d’Astillé s’attarde quelques minutes sur le double discours du Gouvernement lorsqu’il est question d’agriculture. « On voit notre ministre dans les fermes caresser les agriculteurs dans le sens du poil, on le voit remettre des médailles… Et puis peu après, on voit le ministre de l’Economie dire qu’il faut moins de vaches, voir financer des spots anti-élevage ! Il faut nous le dire clairement si on ne veut plus de nous ! », martèle-t-il.
Vers 22H15, c’est une délégation de 10 responsables qui pénètrent dans l’enceinte de la Préfecture, également attachés de boulets. Ils sont attendus par la Préfète et la DDT de la Mayenne, tandis que s’organise à l’extérieur l’accrochage de banderoles… Après trois quarts d’heure d’échanges, c’est la douche froide. Sortant dépité, Florent Renaudier relate la discussion avec les représentants de l’Etat, en énumérant un à un chaque sujet abordé : « nous avons été entendus mais pas compris… Sur le ratio des prairies permanentes, l’administration nous dit qu’il s’agit d’un calcul national, aucune donnée ne viendrait de la DDT… Suite à notre courrier de demande de dérogation collective à la couverture hivernale, on nous dit que ce n’est pas possible. Ce sera, au mieux, des dérogations individuelles… Encore de la paperasse, on est loin de la simplification administrative alors même que la DDT n’a toujours pas finalisé le traitement des versements d’acomptes PAC… Pour la tenue des contrôles, on nous propose une journée pédagogique de contrôles et de travailler à une charte des bonnes pratiques en 2024. Cette charte, cela fait 2 ans que nous la demandions ! ». Bref, selon les responsables, on est très, très loin des solutions immédiates et pragmatiques attendues par les agriculteurs.
23H30, manifestants et tracteurs quittaient alors la place Jean Moulin, en se promettant de ne pas taire leur colère.