La réunion du mardi 16 février en présence du préfet de la Mayenne a été « un dialogue de sourd » d’après Mickaël Guilloux, secrétaire général de la Fdsea de la Mayenne.

En réaction, la Fdsea et les JA de la Mayenne ont organisé, ce mardi 23 février, une opération de contrôle des origines des produits. Objectif annoncé : rendre une visibilité sur la mise en valeur des produits français dans les rayons.

Le rendez-vous a été donné au Carrefour de Laval et à l’Hyper U de Mayenne. Aucun magasin U du département n’étant présent à la rencontre du 16 février, ils étaient donc une cible toute choisie pour une visite et pour rendre des comptes. Concernant Carrefour, les agriculteurs y étaient déjà venus le 20 janvier contrôler l’origine et la traçabilité de la viande au rayon frais et traditionnel. Plusieurs incohérences avaient été alors relevées.

Incohérence

À Laval comme à Mayenne, les agriculteurs ont rempli des caddies de produits d’origine étrangère ou sans origine. De nouveau, de nombreuses incohérences ont été relevées et en seulement quelques minutes les chariots étaient bien remplis. « Les rayons viande entière et produits frais, c’étaient plutôt bons, mais dès qu’on est arrivé dans les produits transformés ou ultra-transformés on voit que les industriels ne jouent pas le jeu et achètent beaucoup à l’extérieur, dans l’UE ou même hors UE », affirme Adrien Moussay, des JA 53. Le drapeau français est par exemple souvent utilisé par les marques pour tromper le consommateur. Ainsi, certains produits sont fabriqués en France, mais à partir de viande originaire d’UE. À Hyper U, de la viande étiquetée « Viande française » a aussi posé problème. Si le bovin était bien né en France, il avait en réalité été élevé en Finlande.

Et malgré ce que l’on peut croire, côté bio, ce n’est pas beaucoup mieux. Les Gms profitent de l’essor du bio pour abuser le consommateur. Par exemple à Carrefour, des rillettes du Mans sont vendues sous marque de distributeur, avec de la viande en provenance de l’Union européenne. « Quand on veut faire du Bio, on pense local, mais on trouve en fait des produits qui viennent d’Allemagne, d’Espagne ou du Danemark, c’est encore une tromperie du consommateur », constate Mickaël Guilloux.

Faire évoluer les Gms

Une grande partie des rayons se sont retrouvés sans produits après le contrôle de traçabilité des agriculteurs. Par cette démarche, ils entendent rappeler que « toutes les Gms doivent prendre part à la rémunération des agriculteurs, travailler avec des producteurs locaux et avec des produits français et qu’ils les mettent en valeur », affirme Mickaël Guilloux. Le secrétaire général reproche aux Gms de « surfer » sur « l’image de quelques producteurs locaux, mais les négociations commerciales concernent 90 % des producteurs. »

Les agriculteurs regrettent un manque d’évolution dans la politique des Gms. « On voit clairement aujourd’hui qu’il y a au moins un produit sur deux qui n’est pas d’origine française. Il y a une dizaine d’années, on faisait les mêmes opérations et on avait à peu près le même résultat. Les distributeurs ont l’impression de s’être améliorés, mais on constate que ce n’est pas le cas. S’il n’y a pas de produit français dans les rayons, on ne peut pas être payé à hauteur de nos coûts de production », insiste Mickaël Guilloux.

Pour lui, il est grand temps que les Gms réagissent et cessent de tirer les prix vers le bas afin que les éleveurs puissent vivre de leur métier.